Où partir en 2022 ? Notre top 10 des pays à visiter
En 2022, fuyez la morosité, mettez cap sur l’optimisme de ces pays, ces régions, ces villes, ces îles qui proposent une vision plus verte du monde, de la façon de vivre et de voyager. La réponse au greenwashing comme au greenbashing se trouve dans ces initiatives qui s’inscrivent dans la durée. L’antithèse de la tendance. En plus d’inspirer l’espoir et les idées, voici des voyages qui font du bien.
Le vert de lance
1. Costa Rica
Voilà plus de vingt ans que ce petit État d’Amérique centrale se démarque. En inscrivant à sa constitution le "droit à un environnement sain et écologiquement équilibré", le Costa Rica a mis fin à des années d’exploitation forestière. Aujourd’hui, un quart du territoire est protégé, il totalise une trentaine de parcs nationaux et une quinzaine de réserves dans lesquelles s’épanouit une biodiversité unique au monde. Le pays produit également une électricité issue à près de 99 % de ressources renouvelables et sera certainement l’un des premiers à atteindre la neutralité carbone. Entre autres actions, le Costa Rica encourage un tourisme rural, en lien avec les populations locales : fermes éducatives, initiations artisanales… Les belles idées fleurissent à tout bout de champ.
Île originelle
2. Vancouver, Colombie-Britannique
Dernier rempart canadien avant un Pacifique tumultueux, l’île de Vancouver affiche une nature brute : 32 000 kilomètres carrés de forêts pluviales, de côtes déchiquetées, de cascades et de sommets enneigés. Un univers très sauvage dans lequel l’humain se fond depuis les premiers occupants, les "Premières Nations" : Kwakwaka’wakw, Nuu-chah-nulth et Coast Salish, peuples aborigènes qui représentent aujourd’hui 6 % de la population de l’île. La préservation de l’environnement est l’une des principales préoccupations de la Colombie-Britannique qui veille, sur Vancouver comme sur les îles voisines de Haïda Gwaii, à ce que les gardiens originels de ce territoire soient impliqués dans son développement. Des traités officialisent les liens ancestraux qui les unissent avec les forêts et l’océan et assoient leurs droits. Les "Natives" sont par ailleurs les acteurs incontournables d’un tourisme à l’écoute de la nature.
Voguer vers le futur
3. Nil, Égypte
Voici plus d’un siècle que les croisières sur le Nil ont réalisé leurs premières rotations. Aujourd’hui, les rives de Haute-Égypte filant d’Assouan à Louxor reçoivent chaque année des millions de visiteurs emmenés par des navires de toute taille. Face aux mastodontes de 200 passagers, le Steam Ship Sudan, vapeur de la première heure doté de 23 cabines seulement, se démarque par une ingénieuse mécanique utilisant l’eau du fleuve et des panneaux solaires afin de limiter sa consommation de carburant. Dans son sillage, la Flâneuse du Nil, une dahabieh de sept cabines, a également revu son électrification, produite désormais à 80 % grâce aux généreux rayons du dieu Rê. Une économie de près de 300 tonnes de CO2 par an. Cette petite révolution écologique espère bien générer sur le Nil une vague d’inspiration.
Bout du monde
4. El Hierro, Îles Canaries
Longtemps restée hors des radars, la plus petite et la plus occidentale des sept îles des Canaries attise la curiosité de ses voisins européens. Pour cause, ce grain volcanique et aride, reconnu réserve de biosphère par l’Unesco, ne se contente pas de cumuler le plus haut taux d’ensoleillement du continent (4800 heures par an) et une nature exceptionnelle, sur terre comme sous l’eau. Dès 2015, l’île du Méridien (ancien nom de l’île à la pointe occidentale de laquelle, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, fut établi le méridien origine) s’est distinguée en produisant ponctuellement 100 % de sa consommation électrique grâce à ses installations éoliennes et hydrauliques. Une raison de plus d’aller chercher l’inspiration sur celle qui fut pendant des siècles considérée comme le bout du monde occidental.
Objectif zéro déchet
5. Kamikatsu, Japon
Depuis deux décennies, le village de Kamikatsu, perdu dans les rizières en terrasses de Shikoku, encourage ses 1500 habitants au recyclage et à l’économie circulaire. L’objectif zéro déchet, annoncé dès 2003, interpelle dans un pays affichant la seconde production mondiale de plastique, et où moins d’un quart des détritus sont recyclés. Kamikatsu en transforme déjà 80 % via un centre communautaire, le WHY, qui distingue pas moins de 45 catégories de déchets. Les éléments récupérables – vêtements, livres, accessoires et autres – sont remis en circulation gracieusement dans le magasin adjacent. Le WHY comprend également un hôtel minimaliste, construit à partir de matériaux recyclés, qui héberge les voyageurs et leur propose, parmi d’autres activités qu’offre la montagne environnante, de participer au projet.
Une nature réensauvagée
6. Patagonie, Chili
Dans les profondes forêts du parc national Pumalín-Douglas Tompkins, les félins et les arbres trimillénaires ont de beaux jours devant eux. Le site forme désormais, avec seize autres entités naturelles de Patagonie, un espace de 28 millions d’hectares protégés "pour toujours". Filant sur 2700 kilomètres, de Puerto Montt au Cap Horn, la "Ruta de los parques" est le résultat spectaculaire d’un pari fou initié par le couple Tompkins (Kristine et Douglas). Pendant un quart de siècle, ces "nature lovers" ont acquis pour les protéger des centaines de milliers d’hectares en Argentine et au Chili. Un patrimoine naturel irremplaçable qu’ils ont ensuite régulièrement confié aux gouvernements argentin et chilien, en échange d’un accord de protection sans limite de temps. Contribuer à préserver l’un des lieux les plus sauvages de la planète mais aussi les communautés autochtones, et permettre aux générations futures de découvrir les paysages intacts de Patagonie : l’objectif est magistralement réussi.
La ruche slovène
7. Ljubljana, Slovénie
Si les capitales du nord de l’Europe monopolisent l’attention en matière de développement durable, il faut aussi regarder au centre du continent. Avec un territoire couvert à 60 % de forêts, parmi lesquelles deux des dernières forêts primaires européennes, des paysages variés, des Alpes juliennes à la Méditerranée, la Slovénie est naturellement gâtée. Reconnaissant, le pays enseigne les grands principes de la durabilité dès l’école maternelle. Ljubljana, la capitale, est quant à elle engagée depuis plus de dix ans contre le réchauffement climatique : centre-ville piéton, politique zéro déchets, circuits courts de produits locaux avec les fermes environnantes, récupération des eaux de pluie… La ville verte bourdonne de belles initiatives. Les toits (celui du centre culturel et de certains hôtels, par exemple) hébergent d’ailleurs des ruches. Un hommage à une espèce menacée à qui les Nations unies dédient désormais une journée, le 20 mai, à l’initiative de la Slovénie.
Light safaris
8. Tarangire, Tanzanie
Le nord de la Tanzanie abrite trois hauts lieux du safari parmi les plus mythiques de l’Afrique. Le parc du Tarangire, celui du Serengeti et le Ngorongoro. Depuis les années 1950, on vient ici observer les Big Five, assister aux grandes migrations. Les "game viewers", ces gros 4x4 à l’habitacle ouvert, ont révolutionné l’approche de la brousse, permettant chaque année à des millions de touristes de s’inviter au plus près de la faune. Pourtant, là où les grands félins ont le pas léger, l’empreinte carbone de ces véhicules laisse à désirer. Aujourd’hui, certains lodges tanzaniens choisissent de lever le pied. Conscients de leur rôle crucial dans la préservation de leur environnement, les établissements se sont équipés d’une flotte électrique, fonctionnent à l’énergie solaire, récupèrent l’eau abondante pendant la saison des pluies. Ils remettent également au goût du jour le safari à pied, un retour aux origines offrant une approche discrète et intuitive qui s’intègre dans une démarche globale engagée.
Ville intelligente
9. Malmö, Suède
Malmö, la troisième ville de Suède, est aussi la première à s’être positionnée sur la voie du développement durable. Son urbanisation rapide, à la fin des années 1990, s’est faite à l’image du Bo01, ancien port industriel réhabilité en quartier d’habitation. Un avant-goût de la ville du futur, fonctionnant à 100 % aux énergies renouvelables et dont les toits végétalisés participent à recycler l’eau de pluie. La politique environnementale et sociétale transparaît jusque dans les cuisines municipales qui composent essentiellement à partir de produits locaux et biologiques. Malmö a ainsi pris les rênes de l’Agenda 2030 pour lutter contre le réchauffement climatique entraînant dans son sillage les autres villes suédoises. Parmi elles, Göteborg s’impose comme la meilleure élève, notamment pour ses infrastructures touristiques à faible impact qui lui ont valu, en 2020, le titre de capitale européenne du tourisme intelligent.
Green Goliath
10. Samsø, Danemark
Au Danemark, une île peut en cacher une autre. On ne présente plus Bornholm, la plus verte et la plus ensoleillée du pays, notamment à travers sa Green Solution House, un concept d’hôtellerie entièrement pensé dans une dynamique durable. Aujourd’hui, c’est au tour de Samsø d’être sous les feux de la rampe. Récompensée lors de la COP26, fin 2021, par le prix de l’action climatique mondiale, cette île de 114 kilomètres carrés posée sur le détroit du Cattégat a d’ores et déjà atteint la neutralité carbone (la balance est même négative), que Copenhague, la capitale, vise en 2025. Profitant de deux ressources naturelles, le soleil (un peu) et le vent (beaucoup), Samsø est devenue un modèle pour les experts du monde entier qui s’y pressent chaque année. Prochain défi à l’horizon 2030 : abandonner totalement les énergies fossiles encore utilisées dans le transport et l’agriculture, gros émetteurs de gaz à effets de serre. Une centrale de biogaz est à l’étude : paille et lisier devraient bientôt remplacer le GPL qui permet au ferry de rallier le continent. Le meilleur moyen de visiter Samsø restant bien sûr le vélo.
Durable par nature
11. Amorgos, Grèce
L’île la plus orientale des Cyclades est aussi l’une des plus préservées. Sur les chemins de muletiers accrochés à la colline, entre les vieux moulins, à l’abri de ses chapelles miniatures, Amorgos cultive l’esprit durable sans même s’en rendre compte. Cette île longiligne (33 kilomètres de long sur une moyenne de 2 à 6 kilomètres de large), atteignable uniquement après neuf heures de ferry, a fait de son isolement un atout. Ici, chaque aliment qui compose votre assiette – fruits, légumes, viande, fromages, huile d’olive – est produit sur place. Tout comme les loukoums à la grenade et le rakomelo (mélange de raki chaud et de miel) qui rendent la vie sur l’île encore plus douce. Malgré un succès grandissant, sa capacité d’accueil et son caractère ascétique limitent le nombre de visiteurs. Amateurs de trek et de plongée, cinéphiles nostalgiques du Grand Bleu (plusieurs sites ont servi au tournage du film, dont le fameux monastère perché de la Chozoviotissa) et voyageurs en quête de simplicité ont trouvé sur Amorgos le refuge idéal.
Lagon sensible
12. Fakarava, Polynésie
Le rêve polynésien a le cœur fragile. En un demi-siècle, les lagons de Bora Bora et de Moorea se sont fortement dégradés. Les deux principaux facteurs : le réchauffement climatique et le développement du tourisme, réveillent aujourd’hui les consciences. Les actions locales se multiplient dans la gestion des déchets, le traitement de l’eau, mais aussi dans la restauration de la barrière de corail et la protection des espèces. Le mythe du bungalow sur pilotis adopte des approches architecturales moins impactantes fondées sur des techniques traditionnelles. À 360 kilomètres de Tahiti, l’archipel des Tuamotu, avec ses 20 000 kilomètres carrés et ses sept atolls, en tire les leçons. Fakarava, deuxième plus grand atoll de Polynésie, dans lequel raies manta et grands pélagiques coulent des jours heureux, a vu son statut de réserve de biosphère reconduit par l’Unesco jusqu’en 2027.